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Méditation de S.B. le Patriarche Pierbattista Pizzaballa: Solennité de la Transfiguration

Méditation de S.B. le Patriarche Pierbattista Pizzaballa: Solennité de la Transfiguration

Solennité de la Transfiguration du Seigneur

Mt 17, 1-9

L'Évangile de Matthieu souligne dans plusieurs passages l'aspect de l'écoute, comme quelque chose d'essentiel et de central dans l'expérience de la foi.

Il le fait chaque fois qu'il parsème le texte de quelques citations de l'Ancien Testament, ce qui arrive très souvent, pour dire que l'Évangile est une Parole qui est d'abord entendue : une Parole si profondément entendue qu'elle peut s'accomplir de manière définitive.

Mais il le fait aussi chaque fois qu'il propose l'écoute comme une attitude qui définit le parcours du croyant.

Pensons, par exemple, à la conclusion du Sermon sur la montagne, lorsque Jésus affirme que celui qui écoute et met en pratique la Parole est comme une maison bâtie sur le roc (Mt 7,24).

Ou encore le discours parabolique (Mt 13), que la liturgie nous a proposé dans son intégralité les dimanches derniers : chaque parabole, en fin de compte, est construite autour du thème de l'écoute, c'est-à-dire de l'ouverture du cœur pour accueillir et garder la semence de la Parole ; c'est là le vrai trésor, la perle précieuse.

L'écoute est donc l'attitude propre du disciple, mais pas seulement : au chapitre 8, Matthieu nous montre Jésus parlant à la mer de manière menaçante, et la mer se calme ; immédiatement après, il ordonne au démon de quitter les deux possédés et de se diriger vers les porcs, et ceux-ci obéissent. Rien ne résiste à la Parole, sauf la liberté de l'homme: plus tard (Mt 12,41-42), Jésus réprimande les scribes et les pharisiens qui demandent un signe, en leur rappelant que les habitants de Ninive se sont convertis non pas parce qu'ils ont vu des signes, mais parce qu'ils ont entendu la parole de Jonas ; de même la reine de Saba, avec la parole de Salomon

“Celui qui a des oreilles, qu’il entende” (Mt 11,15 ; 13,43) : c'est un refrain qui revient plusieurs fois.

Pourquoi cette longue introduction ?

Parce que dans le passage d'aujourd'hui aussi (Mt 17,1-9), le thème de l'écoute est central.

Jésus gravit une montagne, lieu par excellence où Dieu se révèle, où Dieu parle.

Parce que Jésus aussi est avant tout celui qui écoute, celui qui reçoit, celui qui obéit.

Et cela est également confirmé par la présence sur la montagne de Moïse et d'Elie, à côté de Jésus : Jésus est constamment en relation avec les Écritures, avec tout ce que Dieu a dit, parce que tout, en lui, s'accomplit.

Sur la montagne, où Jésus est monté pour écouter, le Père parle.

Il dit ce qu'il avait déjà dit lors de son baptême (Mt 3,17), c'est-à-dire qu'il parle du Fils, ce Fils bien-aimé en qui le Père se réjouit, avec qui il se réjouit. Et il ajoute : "Écoutez-le" (Mt 17,5).

Nous pourrions donc dire que la transfiguration n'est rien d'autre que ce qui arrive à celui qui écoute : la rencontre avec le Père, la relation filiale avec Lui, ne peut pas ne pas transformer la vie et la faire devenir, peu à peu, ce que la vie de chacun est appelée à être : un lieu de la présence de Dieu, un temple de son Esprit et de sa Gloire.

Mais que sommes-nous appelés à écouter ?

Le récit de la transfiguration est construit en filigrane de la grande théophanie décrite au chapitre 19 du livre de l'Exode. De nombreux éléments sont rappelés : la montagne, la nuée, les vêtements, la peur...

Là aussi, sur le Sinaï, Dieu parle, et il parle d'une voix puissante, comme la son du cor, qui fait trembler la terre et met le feu à la montagne...

Mais sur le Thabor, les choses changent : Dieu parle pour nous dire d'écouter le Fils. La parole puissante de Dieu, sa parole créatrice, se donne maintenant à nous dans la voix d'un homme, dans la faiblesse d'une expérience humaine.

Un homme, d'ailleurs, en route vers Jérusalem, où il n'élèvera pas la voix, ne s'imposera pas, ne jugera personne, mais entrera dans le grand silence de la mort pour dire ce que la vie ne suffit pas à dire, à savoir que l'amour du Père pour le Fils bien-aimé veut être un amour pour tous.

Tout comme Elie, l'autre témoin du Thabor, qui, au chapitre 19 du Premier Livre des Rois, vit lui aussi sa théophanie : lui aussi monte sur la montagne, en présence du Seigneur, et c'est à lui aussi que Dieu parle, non pas d'une voix de tonnerre, non pas d'une voix puissante, mais du murmure d'une brise légère (1 Rois 19, 12).

Telle est la voix du Fils bien-aimé : une Parole légère comme une graine, précieuse comme un trésor, forte comme l'amour.

+Pierbattista