4 juin 2023
Sainte Trinité, Année A
Jn 3, 16-18
Dans certains passages de l'Evangile de Jean, nous trouvons des paroles de Jésus qui sont comme des synthèses, des clés de lecture sur toute l’œuvre de Dieu.
Le passage que nous entendons en cette fête de la Très Sainte Trinité (Jn 3, 16-18), qui fait partie du dialogue entre Jésus et Nicodème, est précisément l'un de ces passages fondamentaux.
Comme je viens de le dire, ce n'est pas le seul, il y en a d'autres.
Pensons au chapitre 6, versets 39-40, où Jésus dit que « ..., telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. ».
Ou au chapitre 12, v. 47, lorsque Jésus répète les mêmes paroles que celles que nous entendons aujourd'hui, comme pour répéter l'essentiel : Il n'est pas venu pour condamner, mais pour sauver.
En fait, dans ces passages, Jésus fait une lecture « théologique » de la vie, du salut, de l'œuvre de Dieu le Père. Et c'est surtout une lecture différente de ce qu'attendaient les homme religieux.
Pourquoi ?
Car la pensée commune de l'homme religieux est que l'homme fait des erreurs et que Dieu punit. Ou, au contraire, que l'homme se comporte correctement et que Dieu récompense.
Alors qu’en fait, non seulement Dieu ne condamne pas, mais il ne juge pas non plus. En venant au monde et en se faisant homme, Dieu se soumet en quelque sorte au jugement de l'homme, à son refus, à sa condamnation.
Mais même face à tout cela, au mal de l'homme, Dieu ne juge pas, car c'est l'homme lui-même qui, ce faisant, s'exclut de l'amour, se juge lui-même, révèle son propre péché. La venue de Jésus dans la chair rend évident le péché de l'homme, sa désobéissance.
Face à cette évidence, Dieu peut enfin faire ce qu'il désire, ce pour quoi il est venu, c'est-à-dire sauver, atteindre l'homme là où il est perdu et révéler son amour.
Mais au contraire, tout ce qui nous arrive peut donc être interprété et vécu comme un passage de Dieu qui, dans cet événement, veut nous montrer son amour, veut nous guérir, nous ouvrir les yeux, nous remettre en route, nous donner des frères ; qui veut, en un mot, nous sauver. C'est à nous d'apprendre l'art de regarder la vie de cette façon, avec ce regard, avec cette foi.
L'Evangile nous rappelle que nous avons été sauvés. Nous ne devons pas nous sauver, nous ne devons pas, par nous-mêmes, essayer de nous libérer du mal ou de la mort. Cela s'est déjà produit, une fois pour toutes, et tout nous a déjà été donné.
Ce qui appartient à l'homme, c'est de rester dans le don reçu, de le conserver et de remercier Celui de qui provient chaque don.
Il me semble que cette dynamique, de don et de gratitude, peut nous dire quelque chose de la vie de la Trinité, et de cette vraie vie à laquelle nous aussi, nous sommes tous appelés.
+Pierbattista