2 février 2023
Présentation de Jésus au temple
Lc 2, 22-40
Le récit de l’épisode de la Présentation de Jésus au Temple n’est rapporté que par l’évangéliste Luc, qui consacre les premiers chapitres de son Evangile aux événements de l’enfance du Seigneur.
Le cadre est celui du temple de Jérusalem, où Marie et Joseph amènent l’enfant pour accomplir la Loi qui voulait que tous les enfants premiers-nés soient rachetés.
En réalité, l’évangéliste concentre ici une série de rites vétérotestamentaires, sans vraiment donner beaucoup de précisions, et en laissant même certaines questions en suspens. Au verset 32, en effet, il parle de « leur » purification, c’est-à-dire celle de la mère et de l’enfant, alors que la purification ne concernait que la mère, et non l’enfant. Luc passe aussitôt après à un autre rite, celui de la présentation du nouveau-né à Dieu dans le temple, ce qui n’était plus en usage au temps de Jésus, alors qu’il omet ensuite le rite de la consécration du premier-né, qui était plutôt prescrit par la Loi (Nm 8,14-16), mais qui pouvait être accompli n’importe où, sans nécessairement aller au temple.
L’intention de l’évangéliste est de pouvoir raconter l’événement central, c’est-à-dire la rencontre avec Siméon et Anne, des Israélites fidèles au Seigneur qui, dans l’obéissance à l’Esprit, reçoivent la révélation de la présence du Messie.
D’une part, en effet, l’obéissance à la Loi est d’abord soulignée : en 3 versets, de 22 à 24, Luc parle à trois reprises de l’obéissance de Marie et Joseph à la Loi du Seigneur (« prescrit par la loi de Moïse… selon ce qui est écrit dans la Loi… »).
D’autre part, nous trouvons une autre obéissance, celle de Siméon à l’Esprit : là encore, en trois versets (de 25 à 27), est mentionné à trois reprises l’Esprit, qui est celui qui pousse Siméon à la rencontre du Messie attendu. Dans ce passage, le véritable protagoniste est le Saint-Esprit.
On peut dire que l’obéissance à la Loi amène la Sainte Famille vers le temple, et que l’obéissance à l’Esprit fait se déplacer Siméon. À ce moment, en un certain sens, la loi ancienne rencontre d’une manière nouvelle le Saint-Esprit et sa loi. C’est ainsi que se produisent la rencontre et la révélation.
Siméon, donc, poussé par l’Esprit, reconnaît en cet enfant le Messie attendu et élève vers Dieu une prière. Il demande à pouvoir prendre congé de la vie, maintenant qu’il a accompli sa mission, celle d’attendre le Seigneur. L’Esprit, en effet, lui avait prédit qu’il ne mourrait pas sans avoir vu au préalable « le Christ, le Messie du Seigneur » (v.26). C’est maintenant chose faite, et le temps de l’attente est terminé.
Siméon n’a rien fait de particulier, il n’a pas de quoi se vanter, si ce n’est d’avoir vu que Dieu était fidèle à ce qu’il lui avait gratuitement promis. Et il a vu le salut du Seigneur.
Il n’a pas seulement vu un enfant, il n’a pas vu le Christ de Dieu ; avec les yeux de l’Esprit, il a vu que cet Enfant, ce Messie, est celui qui sauve, est le salut.
En d’autres termes, Jésus, qui est amené au temple pour être racheté, est reconnu comme celui qui rachètera son peuple et toutes les nations, comme celui qui apportera le salut ultime. Pour tout cela, le Messie sera une lumière.
C’est l’Esprit qui a permis à Siméon puis à la prophétesse Anne de voir ce que la foule du Temple n’a pas pu remarquer. C’est l’Esprit Saint qui nous permet de voir le salut qui se réalise, qui nous permet d’aller au-delà de ce que les yeux de la chair voient, et de saisir le sens profond des événements.
La manière dont cela se produira reste encore mystérieuse, et il y a comme une ombre qui tombe dans cette lumineuse prophétie. Le salut passera par l’hostilité et le rejet : il va être source d’une grande souffrance.
Ce salut, immédiatement proclamé comme un salut pour tous, devient aussi un signe de contradiction, un motif de rejet. « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre » (Lc 2, 34-35).
Car devant elle, il sera nécessaire de choisir, de prendre position : pour ceux qui ne l’accueillent pas, ce sera une pierre d’achoppement, et pour ceux qui l’accueillent, ce sera la résurrection et la vie.
En cette fête, nous célébrons également le jour de la vie religieuse, c’est-à-dire de ceux qui, comme Siméon et Anne, consacrent leur vie à la seule attente de la rencontre avec le Seigneur, dans la prière et au service de la charité et, comme les deux vieillards, annoncent qu’ils voient avec les yeux de l’Esprit le Salut, dont ils ont fait l’expérience, et qui est un don pour tous.
+Pierbattista