EGYPTE – Plus de deux semaines après les attentats à la bombe qui ont frappé l’Eglise copte le dimanche des Rameaux, la communauté chrétienne en Egypte a accueilli le pape François vendredi et samedi 28 et 29 avril 2017, sous haute surveillance.

Dans son discours prononcé devant les autorités civiles, le pape François a parlé du devoir de l’Egypte d’atteindre la paix dans un temps où la terreur cause une terrible agonie et une extrême souffrance. « L’Égypte a donc un devoir particulier : renforcer et consolider aussi la paix régionale, tout en étant, sur son propre sol, affectée par des violences aveugles. Ces violences font souffrir injustement de nombreuses familles – dont certaines sont ici présentes – qui pleurent leurs fils et leurs filles. »

Sa Sainteté a également encouragé « l’audace des efforts pour la réalisation de nombreux projets nationaux, ainsi que les nombreuses initiatives qui ont été prises en faveur de la paix dans le pays et en dehors, en vue du développement appelé de tous les vœux, dans la prospérité et dans la paix, que le peuple désire et mérite ». Il a conclu en rappelant que la présence en Egypte n’est « ni nouvelle ni fortuite, mais historique et inséparable de l’histoire de l’Égypte ».

Samedi et dans son homélie lors de la Sainte Messe devant une foule de 15 000 coptes catholiques, le Pontife a parlé de la vraie foi qui « nous conduit à diffuser, à défendre et à vivre la culture de la rencontre, du dialogue, du respect et de la fraternité » et « protéger les droits des autres, avec la même force et avec le même enthousiasme avec lesquels nous défendons les nôtres ». « Dieu n’apprécie que la foi professée par la vie, parce que l’unique extrémisme admis pour les croyants est celui de la charité », a-t-il ajouté.

Reconnaissance du baptême partagé

Au cours de leur rencontre au Patriarcat copte-orthodoxe, les papes François et Tawadros II ont signé une déclaration commune qui exhorte à maintenir les liens de fraternité et d’amitié existant entre les Églises catholique et copte, à favoriser l’enrichissement spirituel entre les deux communautés et à s’engager dans une prière commune. « Nous chercherons sincèrement à ne plus répéter le baptême qui a été administré dans nos respectives Églises pour toute personne qui souhaite rejoindre l’une ou l’autre » ont ajouté les deux Papes.

« Le pape François dit à l’Église de ne pas avoir peur »

« Pendant des années, le pape François nous a habitués à des gestes et des choix audacieux à travers lesquels il indique à l’Eglise la voie à suivre en ces temps turbulents. » Mgr Pierbattista Pizzaballa l’a souligné : « Le voyage en Egypte fait partie de ces gestes. »

« Le monde d’aujourd’hui est effrayé par le fondamentalisme religieux – et plus particulièrement le fondamentalisme islamique – et, d’autre part, par le sort des chrétiens au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

« Avec une visite à la plus grande communauté chrétienne dans les pays arabes et la rencontre avec la prestigieuse université islamique d’Al-Azhar, le pape François a dit à l’Eglise de ne pas craindre, de ne pas avoir peur. Les chrétiens doivent toujours être plus unis, non seulement parce que les circonstances l’exigent, mais parce que l’Evangile nous l’ordonne. Il nous dit de ne pas avoir peur de rencontrer les membres des grandes religions et de dialoguer avec eux. C’est le seul moyen de combattre les fondamentalismes et toutes les formes de violence religieuse. Il nous a dit que, malgré ce qu’un grand nombre pense, ceci est également possible avec les musulmans. Plus encore. C’est de notre devoir. »

Saher Kawas