Le mois de septembre possède toujours une signification particulière, car il annonce de nouveaux départs, et ce notamment dans la vie des enfants et des jeunes adultes. Cette semaine, nous avons par exemple assisté au retour des élèves dans les écoles, et la joie qui se lisait sur les visages de tant d'entre eux était tout simplement inestimable. Beaucoup ont pu profiter des camps d'été pour la première fois en deux ans et certains, les plus chanceux, ont pu partir à l’étranger malgré le chaos caractérisant certains voyages et régnant dans les aéroports. Pour la première fois en deux ans, aucune menace d'éducation en ligne ne vient non plus peser sur nos écoles, ce qui marque une rupture avec l'époque de la pandémie – même si la crise du COVID-19 n’est pas tout à fait derrière nous. En Jordanie comme en Israël, personne toutefois ne parle de cette dernière ou de questions de santé, ce qui contraste fortement avec la Palestine : la semaine dernière, le président a déclaré l'état d'urgence pour 30 jours en raison de l'augmentation du nombre de cas. Cependant, il est clair qu'une telle déclaration n'a pas été assortie de réglementations claires et il semble donc que même en Palestine, malgré tout, la vie continue comme d'habitude.

Cependant, bien que nous recommencions à vivre normalement et que le chômage en Israël soit revenu au niveau prépandémique de moins de 5 %, il reste excessivement élevé en Palestine et en Jordanie, dépassant largement les 20 %, et avoisinant les 50 % à Gaza. Cette situation a été exacerbée par la guerre en Ukraine, qui a entraîné une forte augmentation des prix des biens et des services et une hausse de l'inflation jamais vue depuis bien longtemps. Pour ne rien arranger, les taux de change de l'euro et du dollar par rapport à la forte monnaie israélienne ont fait que toutes les subventions et les dons reçus dans ces monnaies perdent au minimum 10 % de leur valeur. Dans ces circonstances, il semble presque impossible de maintenir des budgets équilibrés et il faut à nouveau envisager des plans de rationalisation.

Du côté du diocèse, il y a eu dernièrement beaucoup de nouveauté, avec la nomination de plusieurs vicaires : Mgr Jamal Daibes en Jordanie, Mgr Rafic Nahra en Israël et le P. Bruno Varriano à Chypre. Il y a aussi eu du changement dans les écoles de Jordanie, avec la nomination du P. Firas Nasraween en tant que directeur général, et celle de Mme Samar Smeirat (ancienne directrice de l'école de Fuheis) en tant que directrice adjointe. Dans les écoles de Palestine et d'Israël, environ 19 000 étudiants sont rentrés cette semaine dans 44 écoles du Patriarcat, revivant l'expérience complète d'une école paroissiale en présentiel. Beaucoup ont bénéficié pour leur rentrée de salles réhabilitées, avec de nouveaux bureaux et du matériel neuf, et où de nombreux projets ont été mis en œuvre pendant les mois d'été.

La vie pastorale du diocèse a aussi connu au cours des derniers mois une abondance de camps, d'activités pour les jeunes, de retraites, de visites de lieux saints, de scoutisme et de catéchisme, et de bien d’autres choses encore. Le projet AFAQ (Horizons), en collaboration avec l'Université de Bethléem, qui propose des formations de développement des capacités, d'emploi ou de création d'entreprise, a été un grand succès et a dépassé toutes nos attentes. Tous les programmes d'aide humanitaire se sont bien déroulés et ont permis d’aider des centaines de personnes ayant besoin d’être soutenus dans les moments difficiles, que ce soit en termes d'aide médicale, de médicaments, de soutien scolaire ou d'assistance sociale. Le programme d'emploi à Gaza, l'aide aux réfugiés irakiens et le fonds de Jérusalem-Est continuent à soutenir les personnes les plus marginalisées. Certains des nouveaux programmes, ciblant les jeunes et les femmes, ont été conçus pour renforcer leur autonomie et les amener à devenir plus autosuffisants. La bonne nouvelle est que 25 des personnes qui ont bénéficié du programme d'emploi à Gaza ont obtenu un emploi permanent grâce à notre intervention. La situation est malheureusement moins brillante pour les réfugiés irakiens chrétiens en Jordanie, où leur nombre est estimé à environ 12 000 sur un total de 17 000. Malgré le fait que de nombreux pays occidentaux leur aient rouvert leurs portes, le nombre de ces réfugiés pris dans la dure réalité du Moyen-Orient et qui restent bloquées en Jordanie reste très élevé.

De manière générale, si l'on évalue l'horizon politique du Moyen-Orient en général et de la Terre Sainte en particulier, il est difficile de ressentir beaucoup d’espoir. Il nous suffit de penser à la guerre de quatre jours contre Gaza en mai, qui a une fois de plus dévasté la communauté ; le meurtre de la journaliste chrétienne Shireen Abu Akleh ; les tensions continues à Jérusalem au sujet des lieux saints et de leur accès, qui semblent ne jamais prendre fin ; une autre élection en Israël prévue dans deux mois, la cinquième en quatre ans et l'instabilité qui en découle ; l'absence d'une voie claire vers une quelconque réconciliation ou paix sur le front Palestine-Israël ; sans parler des problèmes continus de réfugiés et d'un Liban en grave crise, avec toutes les tensions que cela crée à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. Cependant, en tant que personnes de foi, témoins de tant de cycles de violence et de disparité, nous sommes habitués à accepter ces difficultés comme faisant partie du plan de Dieu, et à accepter le bon comme le mauvais… tout en continuant à nous concentrer sur la recherche d'une voie à suivre pour à servir nos communautés chrétiennes et la société en général.

Merci de continuer à nous garder dans vos prières et vos pensées, en espérant qu'au fur et à mesure que la vie reprendra son cours normal, nous verrons se multiplier les pèlerinages en Terre Sainte, et que vous reviendrez bientôt tous remplir les rues et les lieux saints de votre présence et de vos prières.

Sami El-Yousef

Administrateur général

8 septembre 2022