ITALIE – Les 1^er et 2 mai 2019, Mgr Pierbattista Pizzaballa s’est rendu dans le diocèse de Vittorio Veneto avec le Père Joseph Sweiss et trois prêtres incardinés dans le diocèse de Jérusalem, tous trois issus d’un institut missionnaire de ce diocèse du Nord de l’Italie : Mgr Ilario Antoniazzi , archevêque de Tunis, Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, Vicaire patriarcal pour Jérusalem, et le Père Aldo Tolotto, curé de la paroisse de Safout. Ces deux jours intenses ont marqué une nouvelle fois l’amitié qui lie le diocèse italien avec le Patriarcat latin de Jérusalem.

Les deux premiers jours de mai 2019 ont été mémorables pour le Patriarcat latin de Jérusalem et pour le diocèse de Vittorio Veneto. Mgr Pierbattista Pizzaballa, Administrateur Apostolique du Patriarcat, s’est associé à une longue tradition de coopération missionnaire, qui unit le diocèse vénitien à l’Église mère de Jérusalem. Invité par l’évêque diocésain, Mgr Corrado Pizziolo, dans le cadre du Festival biblique annuel, Monseigneur Pizzaballa a participé aux différentes célébrations et conférences qui ont été organisées à cette occasion à Vittorio Veneto, Sacile et Oderzo.

Mgr Pizzaballa devient citoyen honoraire de Sacile

Mgr Pizzaballa et son secrétaire personnel ont été accueillis dans la « Maison de Spiritualité » adjacente à l’ancien château lombard de Saint-Martin, la résidence traditionnelle de l’évêque qui domine la plaine et offre un magnifique panorama. Durant ce séjour, les invités étaient accompagnés par Don Andrea dal Cin, coordinateur diocésain du Festival Biblique, et par Don Gianluigi Papa, archiprêtre de Sacile.

Le matin du 1er mai, à l’invitation du recteur Don Luigino Zago, a été consacrée à la rencontre avec la communauté du séminaire diocésain de Vittorio Veneto : visite, prière, conférence, échanges et repas. Les dix-sept grands séminaristes de théologie et de philosophie se sont particulièrement intéressés aux nouvelles de Palestine, de Jordanie et d’Israël, de l’Église de Jérusalem et du Séminaire Patriarcal de Beit Jala.

Dans l’après-midi, Mgr Pierbattista Pizzaballa a été reçu par le maire de Sacile et s’est vu décerner la citoyenneté d’honneur de cette ville de la région de Venise en présence de différentes autorités civiles et religieuses. Le maire a notamment rappelé que c’est la troisième fois que Sacile confère la citoyenneté d’honneur au patriarche ou à l’archevêque de Jérusalem, après le Patriarche Michel Sabbah en 1991 et le Patriarche Fouad Twal en 2011. Dans son mot de remerciement, Mgr Pizzaballa a dit que « cette reconnaissance ne fait que renforcer les liens déjà forts et spéciaux entre les communautés du diocèse de Vittorio Veneto et Jérusalem ».

Par la suite, dans le cadre du festival biblique, l’Administrateur Apostolique du Patriarcat a donné une conférence sur le thème : « Jérusalem, vocation et tentations ». La conférence de Pizzaballa s’est concentrée sur le thème biblique choisi pour le festival, la Ville, et a présentée celle-ci comme lieu et espace où la parole de Dieu est vécue. Sa conférence avait pour titre : « Jérusalem à votre porte : vocations et tentations d’une ville visitée par Dieu ». Pour ce faire, le prélat a abordé le sujet à partir des deux pôles : la Bible et la situation actuelle. La ville de Caïn et la Jérusalem céleste, le destin de la Jérusalem terrestre et la situation de conflit actuelle. La vocation de Jérusalem est éminemment universelle et sa tentation la plus grave est donc la partialité et l’exclusivisme. Dans ce contexte, Mgr Pizzaballa a montré comment la Communauté Mère de Jérusalem poursuivait sa mission de réconciliation et d’unité entre juifs, chrétiens et musulmans.

Un diocèse italien en mission en Terre Sainte

Par la suite, c’est Mgr Marcuzzo qui a pris la parole pour présenter le livre « Luci d’oriente », écrit par Mgr Pietro Mazzarotto, invité par Don Gianluigi Papa, curé de Sacile, avec le soutien du Père Andrea Dal Cin et l’assistance de Don Andra Santoro, curé paroissial.

Le Vicaire patriarcal pour Jérusalem et la Palestine est originaire du diocèse de Vittorio Veneto et a été envoyé en Terre Sainte alors qu’il n’était que petit séminariste de l’Institut Missionnaire Saint-Pie X d’Oderzo, une ville voisine. Comme lui, Mgr Ilario Antoniazzi, aujourd’hui archevêque de Tunis, le père Pietro Felet, secrétaire général de l’AOCTS et le père Aldo Tolotto, actuellement curé de Safout ont été envoyés en Terre Sainte par ce même institut missionnaire. Seul le Père Felet n’a pu se joindre à ce séjour de « retour aux sources », retenu par ses fonctions au service des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte.

Le livre de Mgr Mazzaretto raconte les origines et les expériences vécues par des séminaristes qui ont choisi de vivre la communion missionnaire proposée par le diocèse de Vittorio Veneto pour le diocèse de Jérusalem. Ce recueil de témoignages présente de nombreux souvenirs, d’informations et d’expériences diverses de séminaristes victoriens (au moins quinze) qui sont partis du diocèse de Vittorio Veneto, à différents âges mais tous jeunes, envoyés par « l’École apostolique du Sacré-Cœur » dans les années trente et par « l’Institut missionnaire de St Pie X » d’Oderzo dans les années soixante. Ces jeunes hommes passaient une partie de leur préparation au sacerdoce au Séminaire Patriarcal Latin de Jérusalem à Beit Jala, et certains y sont restés et demeurent encore des chevilles ouvrières du diocèse de Terre Sainte.

Essayant de comprendre les raisons qui ont poussé le diocèse a envoyé ces jeunes hommes à servir en Terre Sainte et celles qui ont encouragé ces derniers à quitter leur patrie pour la Terre du Christ, le Vicaire patriarcal a évoqué le souhait de l’Eglise de s’éloigner du modèle colonialiste, la mise en place des prêtres Fidei Donum, le besoin d’inculturation dans la formation du missionnaire, l’émergence de missionnaires laïcs. Il a ensuite montré, toujours à partir du livre, comment ce modèle a réussi et a abouti à d’excellentes réalisations et témoignages de communion missionnaire. Sans se limiter à relever les seuls aspects positifs, le prélat a également rappelé les difficultés rencontrées, anthropologiques et ecclésiales, parfois épineuses, internes et externes, personnelles et communautaires, de cette expérience. Comme celles relatives à la création des deux nouvelles structures à Oderzo pour rassembler les jeunes vocations missionnaires, puis celles relatives au danger de la « latinisation », c’est-à-dire de la mission et du respect des rites orientaux, et la difficulté à combiner mission et coexistence pacifique avec les juifs et les musulmans.

Aujourd’hui, malgré la rareté des vocations religieuses et sacerdotales et à partir de l’expérience du passé, ce livre voudrait inviter le diocèse, les paroisses et les familles à devenir cette semence féconde jetée sur la bonne terre, cette racine féconde d’amour pour l’Église mère de Jérusalem et cette source naissante dans différentes expressions missionnaires.

A la fin de la présentation du livre, de façon à parler également de l’avenir, la parole a été donnée au Père Joseph Sweiss. Actuellement secrétaire personnel de l’Administrateur apostolique, le Père Joseph a été ordonné en 2017. Sa formation a été rendue possible grâce au parrainage de la paroisse de Sacile. Sa participation au Festival et son intervention visaient à montrer un des fruits de cette expérience mais également à souligner les différentes façons de maintenir un esprit missionnaire et les échanges pastoraux en proposant des adoptions, du bénévolat, des pèlerinages, etc.

Une journée intense de prière et d’amitié

La journée à Sacile s’est achevée par une messe solennelle en l’église Saint-Nicolas concélébrée notamment par Mgr Corrado Pizziolo, évêque de Vittorio Veneto et par un bon nombre de prêtres diocésains et religieux. La cathédrale était bien remplie, et parmi les fidèles se trouvaient au premier rang les Chevaliers du Saint Sépulcre de Jérusalem de la région. Dans son homélie, Mgr Pizzaballa a évoqué l’engagement missionnaire du diocèse italien de l’archevêque, espérant que ce lien ecclésial perdurerait, quoique de manière renouvelée et différente. A la fin de la célébration, la délégation de Terre Sainte a eu plaisir a salué de nombreux pèlerins et volontaires venus en Terre Sainte ces dernières années.

Salutations familiales et amicales dans la région d’Oderzo

Avant l’après-midi consacrée à des rencontres officielles à Oderzo, la délégation a fait tout un parcours dans la région permettant de rencontrer les familles et les amis des prêtres missionnaires. Le premier arrêt s’est fait à Santa Lucia di Piave, la paroisse natale du bienheureux Fra Claudio Granzotto, OFM, où vit actuellement une grande partie de la famille de Mgr Marcuzzo. Après une visite de l’église par le curé de la paroisse, D. Paolo Cester, le groupe a partagé un temps d’échanges avec des neveux de Mgr Marcuzzo et des catéchistes.

La seconde halte a eu lieu à Rai di San Polo di Piave, où un grand nombre de membres de la famille de Mgr Antoniazzi a accueilli avec joie l’Administrateur Apostolique.

Étant dans la même commune, il a été facile de rejoindre la paroisse natale de Mgr Marcuzzo à San Paolo di Piave, où l’évêque a eu la joie de pouvoir saluer ses sœurs, cousins et neveux. Le curé de la paroisse a profité de l’occasion pour faire visiter l’église paroissiale et le château vénitien Papadopoli-Giol.

La route vers Motta a permis l’évocation des Pères Sante Visentin, Luigi Favero et Mario Furlan, qui, partis dans les années 1930, ont servi l’Eglise au sein du Patriarcat de Jérusalem.

Arrivés au Sanctuaire de Notre-Dame des Miracles à Motta di Livenza, Mgr Pizzaballa et ses compagnons ont été accueillis avec simplicité mais avec beaucoup de chaleur par le gardien du Sanctuaire, le père Marco Gallo, OFM. Motta n’est pas seulement la ville de Mgr Aldo Tolotto, mais c’est surtout la ville qui conserve le sanctuaire marial le plus fréquenté de la Vénétie orientale et un centre spirituel important pour la région. Le père Marco a fait le récit des apparitions de la Vierge à Giovanni Cigala, le 9 mars 1510, puis a conduit la délégation à la Basilique où il a donné quelques explications historiques, architecturales et artistiques sur le sanctuaire. Après un temps de prière, le père Marco a remis à Mgr Pizzaballa une copie du parchemin commémorant le jumelage entre le sanctuaire de Nazareth et le sanctuaire de Motta di Livenza, signée par tous les participants officiels, dont le Père Pizzaballa lui-même, alors Custode du Terre Sainte et par Mgr Marcuzzo alors Vicaire patriarcal à Nazareth. La matinée s’est achevée par un temps de rencontre avec la famille du Père Aldo Tolotto.

Oderzo : berceau de la mission

A Oderzo, le groupe a été accueilli par le curé de la paroisse, Monseigneur Pierpaolo Bazzichetto, abbé-doyen. Mgr Domenico Visentin, promoteur de nombreuses vocations missionnaires a lui-même été au service de cette paroisse pendant 50 ans c’est pourquoi, tous les prêtres victoriens incardinés dans le Patriarcat latin de Jérusalem, entretiennent un lien profond de formation et d’affection avec cette ville.

Après une visite à la Mairie de la ville, où la Maire a remis une médaille commémorative, le groupe accompagné par le curé et la maire s’est rendu à l’Institut Missionnaire Saint Pie X, berceau missionnaire dans les années 50 et 60 des quatre missionnaires les plus récents en Terre Sainte : Giacinto Marcuzzo, Aldo Tolotto, Pietro Felet et Ilario Antoniazzi. Le bâtiment dépendant du Palais Foscolo qui abritait l’institut, est aujourd’hui transformée en Musée Archéologique Romain et a été visité avec intérêt par Mgr Pizzaballa et le groupe. Cependant ce temps de visite a laissé une large place aux souvenirs d’école et de formation des anciens élèves et l’ancien recteur.

Le groupe a rejoint par la suite l’oratoire paroissial adjacent, qui fut la célèbre École apostolique du Sacré-Cœur, fondée en 1933 et qui est considérée comme la source de tout cet élan missionnaire des tout premiers jeunes partis en Terre Sainte.

Ces visites ont été suivies par un temps de rencontre officielle au Théâtre Turroni où devant un parterre composé de parents de missionnaires et de fidèles de la région, une nouvelle évocation des jeunes missionnaires a été faite à partir de vidéos, de témoignages et d’une exposition.

Mgr Pierbattista Pizzaballa a conclu la rencontre par un mot de remerciement sincère à la ville et à la paroisse, non seulement pour ce temps agréable et utile passé à Oderzo, mais surtout pour avoir suscité de nombreuses vocations missionnaires et pour avoir suscité en Terre Sainte un amour fort dont nous avons encore tant besoin.

La journée s’est clôturée par une messe solennelle concélébrée par de nombreux prêtres de la région.

On dit parfois que, pour se renouveler, l’Église doit retourner à la source. Ce principe s’applique aussi aux vocations et à la mission. Si Oderzo a été une source d’amour pour la mission de Terre Sainte, alors cette visite du Pasteur et des prêtres missionnaires du Patriarcat de Jérusalem pourrait redonner force et avenir à ce lien historique.

De notre correspondant en Italie

Santa Lucia di Piave

Rai, San Polo di Piave

Motta

Oderzo