Réflexions de Noël 2019
L’année passée au Patriarcat latin a été très stimulante et nous nous rapprochons désormais de la stabilité administrative et financière. Si beaucoup de problèmes subsistent, nombreux sont ceux qui ont été résolus. Le principal défi consiste maintenant à poursuivre dans ce sens pour s’assurer que nos trois principaux secteurs d’activité – l’aide humanitaire, les activités pastorales et le secteur de l’éducation – ne dévient pas des objectifs fixés et que les besoins de nos diverses communautés sont pris en compte à mesure que de nouveaux programmes sont conçus. Ainsi, l’accent est toujours mis sur les programmes qui soutiennent les « pierres vivantes » davantage que les projets d’infrastructure.
Dans le domaine humanitaire, les quatre principaux programmes d’assistance sociale, d’aide médicale d’urgence, de médicaments et de soutien à l’éducation ont été complétés par des programmes d’assistance supplémentaires ciblant trois groupes spécifiques : les réfugiés irakiens en Jordanie, les jeunes au chômage à Gaza et les familles marginalisées à Jérusalem-Est. Grâce à ces fonds, des centaines de familles ont été soutenues, bien que temporairement dans certains cas, pour leur permettre de mener une vie digne. De nouveaux programmes sont en cours d’élaboration afin de cibler les cas sociaux chroniques et les inscrire à des programmes d’autonomisation qui doivent, à l’avenir, les aider à se prendre en charge. Ce n’est qu’à l’occasion de réunions et de visites sur le terrain dont l’objectif est d’évaluer l’impact de nos programmes humanitaires et de parler aux bénéficiaires que l’on comprend vraiment le sens d’un telle aide pour ces familles. Les mots ne permettent pas d’exprimer les véritables expériences de changement de vie que certains ont vécues grâce à ce soutien.
Les activités pastorales ont elles aussi fait l’objet d’une attention particulière au cours de l’année, leur expansion ayant pour but de renforcer la foi au sein des différents groupes d’âge. Il s’agissait entre autre d’élargir les activités des camps d’été pour y inclure la visite de lieux saints, d’élargir les activités de l’école du dimanche, d’accroître le soutien aux troupes scoutes, de participer aux grandes fêtes à Jérusalem, Bethléem et Deir Rafat, de fournir des jeux et des ressources éducatives dans diverses langues, notamment en hébreu, d’encourager une utilisation accrue des médias sociaux pour atteindre les jeunes générations, de développer les activités avec les communautés de migrants en Israël et en Jordanie, de soutenir le travail de l’aumônerie pour les jeunes, de faire en sorte d’élargir le mandat afin d’y inclure Israël; et faire redémarrer la pastorale auprès des prisonniers. Je dois admettre que ces développements majeurs ont été réalisés avec des ressources très limitées et en encourageant l’esprit de bénévolat. Toutefois, la collecte de fonds pour ce travail reste une priorité malgré les obstacles majeurs rencontrés, en particulier les restrictions imposées par les donateurs, qui sont nombreuses dans ce domaine. Malgré les obstacles, nous continuerons à consacrer davantage de ressources à l’élargissement des travaux en 2020.
S’agissant du secteur de l’éducation, les activités régulières dans les 45 écoles et les 34 jardins d’enfants ont tourné à plein régime, plus de 1 550 membres du personnel envisageant chaque journée comme un nouveau départ au service de plus de 18 500 élèves au quotidien. D’autres jardins d’enfants ont été inaugurés au cours de l’année, notamment Jaffa de Nazareth, la Sainte-Famille à Gaza et le nouveau jardin d’enfants Hashimi en Jordanie. Le réseau éducatif s’est également élargi en intégrant deux nouvelles écoles en Israël, en particulier les deux écoles des Sœurs de Nazareth à Haïfa et à Shefamr, qui ont été transférées au réseau du Patriarcat latin en raison du manque de nouvelles vocations dans la congrégation des Sœurs. En outre, la transformation chaque jour de douze écoles du Patriarcat en Jordanie en écoles de l’après-midi pour les réfugiés syriens et irakiens nous met beaucoup de baume au cœur. Grâce à elles, entre 3 000 et 4 000 élèves réfugiés exclus et marginalisés reçoivent une éducation de haute qualité malgré leurs conditions de vie très difficiles.
Au cours de l’année, plus de 88 projets en cours et nouveaux ont été réalisés. Le plus important est certainement la construction de l’église de Jubeiha, en Jordanie, dont l’inauguration est prévue au printemps 2020. De nombreux petits projets ont été menés à terme, tandis que d’autres progressent pour assurer une meilleure infrastructure et de meilleurs services aux milliers de bénéficiaires qui nous ont été confiés. Au fur et à mesure que nous avancerons, une attention particulière sera toujours accordée à l’éducation, l’aide humanitaire et les activités pastorales en mettant l’accent sur les pierres vivantes.
À l’approche de Noël, nous, chrétiens locaux qui considérons la Terre Sainte comme notre maison, nous rappelons à nouveau la responsabilité que nous avons du fait d’être nés ici. C’est non seulement un grand privilège et un immense honneur, mais c’est certainement aussi un grand témoignage de notre Sauveur qui n’a pas mené une existence facile. S’il y a des leçons à en tirer, c’est que la Terre Sainte a rarement été témoin d’une véritable paix politique, mais ceux d’entre nous qui vivent ici, en comprenant la vraie signification de la paix intérieure, savent que les lieux très saints dans la foi chrétienne sont à quelques minutes de chez eux. Ainsi, malgré toute l’instabilité politique en Israël, le manque de liberté et de justice en Palestine et le manque de stabilité économique en Jordanie, l’Église continue d’avancer à travers ses diverses œuvres pour être cette icône de stabilité dans la vie des communautés chrétiennes indépendamment des réalités.
Pour terminer, permettez-moi d’exprimer notre gratitude et nos remerciements à nos généreux donateurs dans le monde entier, mais plus particulièrement à tous les membres de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem pour leur généreux soutien, moral et financier, sans lequel notre travail ne serait pas possible. Je saisis l’occasion qui m’est donnée pour vous souhaiter, à vous, à vos familles et à vos amis, un Joyeux Noël et nos meilleurs vœux pour la nouvelle année. Puisse 2020 apporter la paix et la justice à notre pays troublé. Gardez une place pour nous dans vos prières.
Cordialement,
Sami El-Yousef Directeur adminitratif
Jerusalem, 9 décembre 2019