TERRE SAINTE - Elles portent du bleu, du noir, du marron ou du blanc... Elles travaillent dans des bureaux, des écoles, des institutions, des églises... Elles portent des croix autour du cou, un anneau autour du doigt, des voiles sur la tête... Elles sont les pierres vivantes de l'Église Mère, les âmes qui œuvrent discrètement pour faire rayonner l'Église. Parti à la rencontre de dix petites congrégations féminines de Terre Sainte, lpj.org vous invite aujourd'hui chez les Sœurs de Notre Dame du Perpétuel Secours.
Avec 68 sœurs vivant actuellement dans quinze couvents différents, la congrégation de Notre-Dame du Perpétuel Secours se concentre sur l'éducation, les soins pastoraux et l'accompagnement spirituel des personnes pauvres et vulnérables. En Terre Sainte, elle est implantée à Chypre et en Israël, plus précisément à Tel-Aviv, où elle aide les communautés de migrants et de demandeurs d'asile.
Sœur Anusha avec des enfants de la communauté qu'elle sert, à Tel-Aviv.
Une congrégation sri-lankaise avec des racines… belges
La congrégation de Notre-Dame du Perpétuel Secours a vu le jour en 1768, lorsqu'une noble belge nommée Johanna Maximiliana Amerlinck décide de fonder une maison de charité avec onze autres femmes, toutes très engagées auprès des pauvres. Dans cette maison, les jeunes filles se voient proposer des cours de lecture, d'écriture, de couture et de religion. Deux ans plus tard, Amerlinck ouvre une maison pour les femmes âgées, tout en visitant chaque jour les pauvres de sa ville. Bien qu'elle ne reçoive aucune aide de quiconque, elle consacre sa vie et sa fortune à les aider, "avec force et efficacité" – sa devise.
Johanna Amerlinck
Soixante et un ans après sa mort, en 1871, les femmes qui ont poursuivi son œuvre acceptent une règle de vie diocésaine sous l'égide de l'évêque de Bruges, et passent sous le patronage de Notre-Dame du Perpétuel Secours. Certaines d'entre elles – des infirmières et un médecin – sont alors envoyées en Afrique du Sud pour une première mission hors de leur pays d'origine.
Notre-Dame du Perpétuel Secours
En 1929, les sœurs sont envoyées au Sri Lanka à la demande du gouvernement, pour aider les personnes souffrant de la tuberculose. Constatant l’existence d’un grand nombre d'enfants sourds, elles ouvrent une école pour eux en 1935. En 1954, les femmes sri-lankaises qui souhaitaient rejoindre la congrégation peuvent désormais le faire grâce à la création d'un noviciat au sein du pays. Enfin, en 1982, les Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours deviennent une congrégation diocésaine locale sous la juridiction de l'archevêque de Colombo (Sri Lanka). Elles élisent leur première supérieure générale et tiennent leur premier chapitre général la même année.
Au couvent du Perpétuel Secours de Periyamulla, au Sri Lanka, lors d’un rassemblement de la congrégation.
Aujourd'hui, la congrégation travaille avec les malentendants, les jeunes, les migrants et les demandeurs d'asile, les veuves et les populations vulnérables ; les sœurs sont actives dans des paroisses, des maisons de jeunes filles et de personnes âgées, des écoles (notamment des établissements Montessori), des hôpitaux, etc. En mai 2019, lors de leur huitième chapitre général, il est décidé que la congrégation mettrait davantage l'accent sur la vie communautaire, le lien aux autres et l'"éco-spiritualité", en réponse au réchauffement climatique.
Rejoindre la congrégation
Sœur Joséphine (à gauche) et Sœur Anusha (à droite) pendant la fête de Deir Rafat, avec Mgr Rafic Nahra et le Père Nikodemus Schnabel, OSB.
"Notre congrégation est venue en Terre sainte en 2013, d'abord à Chypre, puis en Israël. Mais je ne suis arrivé qu'en 2019."
Assise sur une toute petite chaise, à l'intérieur de l'une des crèches de Tel Aviv – supervisée par le Vicariat pour les Migrants et les Demandeurs d'Asile (VMAS) du Patriarcat Latin de Jérusalem – Sœur Joséphine pose ses mains sur ses genoux. Elle fait partie de ces personnes – dont beaucoup sont des sœurs – dont les visages respirent la bonté. "J'ai rejoint la congrégation au Sri Lanka, en 1974. Quand j'étais enfant, je faisais partie de la pieuse association de la Légion de Marie, ce qui nous envoyait dans des crèches pour aider, avec qui nous distribuions des livres spirituels aux gens et visitions les malades et les personnes âgées... C’est là que j’ai commencé à développer le désir de m'engager auprès des gens, de les servir, tant physiquement que spirituellement."
Assise à côté d'elle, Sr. Anusha hoche la tête. Avec Sœur Nadeeka, elles sont toutes les trois les seules sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours vivant actuellement en Israël. "Quand j'étais petite, j'avais un frère dont j'étais très proche", raconte-t-elle. "Nous faisions tout ensemble. Alors, quand il a exprimé le désir d'être prêtre, j'ai décidé que je voulais être une religieuse. Ce n'était qu'un rêve d'enfant, mais c'est devenu bien plus que cela lorsque des sœurs du Perpétuel Secours sont venues nous voir pendant un cours de catéchisme. J'ai décidé de participer à leurs programmes d'été, pour voir à quoi ressemblait leur vie... Des années plus tard, me voici", conclut-elle avec un sourire.
Toutes deux se tournent vers Sœur Nadeeka, qui n'est arrivée ici que très récemment, en mars 2022. "J'ai rejoint la congrégation il y a environ vingt ans, en 2001", dit-elle. "Avant, je faisais partie des Sœurs de la Providence, que j'avais rejointes à cause de quelqu'un que je connaissais à l'époque. Mais cela ne s'est pas avéré être le bon endroit pour moi." Choisissant de quitter la congrégation, Sœur Nadeeka retourne chez elle... pour y rencontrer des Sœurs du Perpétuel Secours, qui la convainquent de venir avec elles. "J'ai vraiment senti la différence entre elles et les Sœurs de la Providence. La congrégation de Notre-Dame du Perpétuel Secours était vraiment faite pour moi, je suis vraiment très heureuse d'en faire partie", rayonne-t-elle.
Les trois sœurs avec l'un des prêtres sri-lankais venus les assister.
Travailler avec des populations vulnérables
Avant la Terre Sainte, les trois sœurs travaillaient au Sri Lanka. Sœur Joséphine, qui a prononcé ses vœux perpétuels en 1983, a d'abord été envoyée dans une crèche, puis dans le nord du Sri Lanka, où un cyclone avait dévasté la région. Là, elle apprit à panser les blessures, à fournir des médicaments aux gens et à essayer d'apporter du réconfort aux victimes de la catastrophe. "Nous devions rester un mois, mais finalement, nous sommes restés un an", explique-t-elle.
Par la suite, elle assiste d'autres communautés avant de passer un examen lui permettant d'enseigner. Elle commence à travailler dans un foyer pour enfants, comme professeure d'anglais, tout en faisant du travail pastoral. "J'ai continué à travailler à la fois dans des paroisses et dans des écoles avant de faire une petite pause et de partir en Inde. À mon retour, je me suis mise à travailler dans des écoles Montessori. Puis j'ai été envoyée ici, à Tel Aviv, pour assurer l'accompagnement spirituel de la communauté sri-lankaise et veiller sur elle. Selon des statistiques récentes, il y a environ 5 300 migrants sri-lankais vivant en Israël, et près de 300 000 hommes et femmes travaillant comme soignants et travailleurs à temps partiel."
Ici, la mission des sœurs est à la fois sociale et pastorale : elles organisent des messes et des solennités dans différentes régions, visitent les familles et les malades, apportent la statue de la Vierge Marie chez les fidèles pour prier avec eux, organisent des messes et des groupes de prière en ligne... "Nous nous occupons aussi des préparations au mariage, au baptême et aux autres sacrements", précise sœur Joséphine. "Et nous organisons des pèlerinages et des voyages, par exemple à Jérusalem, où nous amenons parfois notre communauté pour organiser des processions du chemin de croix. Pour illustrer notre solidarité aux autres religions, nous participons aussi à des programmes organisés par nos frères et sœurs bouddhistes, comme le Nouvel An cinghalais et tamoul et le Vesak". Pour conclure, elle ajoute : "L'écoute est au cœur de notre ministère. Nous passons beaucoup d'appels téléphoniques aux membres de la communauté, et nous essayons de faire de notre maison un foyer pour tous, en particulier pour ceux qui viennent nous voir le cœur lourd."
Lors de la célébration d'accueil du P. Granville Srilal, le nouveau prêtre sri-lankais de la VMAS.
A son tour, Sr. Anusha prend la parole. "Quand sœur Joséphine est arrivée, je venais de passer deux ans ici. Je suis responsable des crèches".
Sœur Anusha a rejoint la congrégation en 1998, juste après le lycée. Elle a prononcé ses premiers vœux en 2004. Également professeure d'anglais, elle a travaillé à la fois avec des enfants en bas âge (de 3 à 6 ans) et avec des enfants sourds de 14 à 16 ans. Lorsqu'elle a été envoyée en Terre Sainte, elle a pris en charge les crèches. "Ici, nous ne prenons que sept enfants pour un enseignant (alors que les garderies ordinaires en prennent généralement 30 pour un enseignant). Nos centres sont un peu plus chers que d'engager une baby-sitter, mais ce sont des endroits où les enfants peuvent jouer, apprendre, passer du temps avec les autres... Ils apprennent beaucoup et se construisent mentalement et physiquement".
Sr. Anusha avec deux femmes sri-lankaises travaillant comme infirmières gériatriques
Pendant l'été, Sr. Anusha a été invitée par le P. Nikodemus Schnabel, OSB, vicaire pour les migrants et les demandeurs d'asile, à se rendre à Jérusalem pour travailler à St Rachel, une crèche qui accueille de jeunes enfants, mais aussi des adolescents vivant des situations familiales très difficiles.
"Au Sri Lanka, nous ne rencontrions et ne travaillions qu'avec des Sri Lankais", explique Sr. Anusha. "Ici, nous rencontrons et travaillons avec tous les migrants ; les Sri Lankais bien sûr, mais aussi les Philippins, les Erythréens, les Ethiopiens, les Indiens... Et nous travaillons aussi avec les Israéliens. C'est donc un autre type de travail, qui élargit notre perspective."
Quant à Sœur Nadeeka, elle remplace Sœur Anusha pendant l'été, et travaille également dans les crèches. "Au Sri Lanka, j'ai aussi travaillé avec des enfants de 3 à 6 ans, ainsi que des enfants sourds. J'ai été envoyée dans une région très rurale, où j'ai enseigné aux jeunes et fait du travail paroissial, principalement du catéchisme. "
Sr. Nadeeka honorant la statue de la Vierge Marie lors d'une fête de la communauté
Bref aperçu
- Nom : Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours
- Fondatrice : † Johanna Amerlinck
- Acronyme : PH
- Charisme : "Construire des communautés d'amour fraternel" - "vivre un mode de vie simple" – "porter l'amour du Christ aux pauvres avec force et efficacité."
- Spiritualité : "Cheminer ensemble vers la plénitude d'une nouvelle création, nourrie par une force spirituelle".
- Pays d’origine : Belgique
- Localisation aujourd’hui : Sri Lanka et la Terre Sainte
- Habit : gris avec un voile et une croix.
- Anecdote(s) : A l'origine, l'habit des Sœurs du Perpétuel Secours était blanc avec un scapulaire bleu. Par la suite, parce que le matériel était parfois difficile à trouver selon les régions, et pour des raisons pratiques, les Sœurs ont décidé, lors d'un de leurs chapitres, de simplifier l'habit.
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