Procession des Rameaux 2024
Message adressé à la fin de la procession
Jérusalem, 24 mars 2024
Chers amis,
que le Seigneur vous donne la paix !
Malgré la guerre, malgré tout, nous avons voulu célébrer cette année encore l'entrée triomphale de Jésus dans la Ville Sainte. Et nous aussi, avec la Jérusalem d'il y a deux mille ans, nous avons chanté "Hosanna Filio David", Hosanna au Fils de David. Oui, surtout aujourd'hui, il est encore plus important et nécessaire de crier haut et fort que Jésus est notre Messie, qu'il est notre Seigneur, qu'il est le Kyrios. Ces derniers mois, nous nous sommes peut-être sentis perdus, déconcertés, seuls et sans repères. Nous nous sommes sentis écrasés par tant de haine. Parfois, cette terrible guerre qui semble ne jamais finir fait grandir la peur pour l'avenir de nos familles. Mais aujourd'hui, nous sommes à nouveau ici, bien que peu nombreux, sans les pèlerins et sans tant de nos frères et sœurs des si nombreuses régions de notre diocèse, qui n'ont pas pu se joindre à nous. Peu importe ! Nombreux ou non, il est important d'être ici et de crier avec force et foi que nous avons une référence, Jésus-Christ. Que nous ne sommes pas seuls et que nous ne sommes pas abandonnés, et surtout que nous n'avons pas peur !
En entrant avec lui à Jérusalem, nous renouvelons notre engagement à le suivre, à aller avec lui partout. Nous savons que suivre Jésus signifie aussi accepter le chemin de la croix. Un chemin que nous connaissons malheureusement bien, car notre vie ordinaire est souvent une via crucis, un chemin douloureux, semé d'embûches, d'incompréhensions, de rejets, d'hostilités de toutes sortes. Mais cela ne nous décourage pas.
Nous sommes ici, en effet, pour réaffirmer une fois de plus notre amour pour Jésus, notre amour pour sa ville, à laquelle nous appartenons et que nous aimons, pour sa Terre, qui est aussi la nôtre. Une Terre Sainte mais aujourd'hui blessée, car envahie par tant de haine et de rancœur. Mais malheur à nous si nous nous laissons contaminer par tout cela. Nous voulons demander ici à Dieu de préserver nos cœurs de ces sentiments d'inimitié. Car nous ne pouvons pas rester des amis de Jésus si nous cultivons l'inimitié dans nos cœurs. Nous ne pouvons pas aimer Jésus si nous ne nous aimons pas les uns les autres et si nous n'avons pas le courage de nous rendre proches de tous, même dans les circonstances tragiques que nous vivons. Nous voulons vivre, souffrir et agir avec Lui et pour Lui.
Nos pensées vont tout d'abord à cette Ville Sainte, Jérusalem. C'est la Ville sacrée pour tous, mais souvent profanée par nous, ses habitants. C'est le lieu, en effet, où servir Dieu et servir l'homme devraient coïncider. Mais au contraire, ces deux services semblent ne jamais devoir se rencontrer. C'est la ville où la lumière de l'Agneau devrait éclairer le regard de chacun, un regard racheté et libre. Au lieu de cela, nos relations sont souvent marquées par la possession et l'exclusion. Prions donc pour notre ville et pour la paix de Jérusalem. Une paix qui soit un accueil cordial et sincère de l'autre, une volonté tenace d'écoute et de dialogue, des chemins ouverts où la peur et la suspicion cèdent la place à la connaissance, à la rencontre et à la confiance, où les différences sont des occasions de compagnonnage et non des prétextes de rejet mutuel.
Nous pensons également à ceux qui ne peuvent pas être ici avec nous aujourd'hui, et en particulier à nos frères et sœurs de Gaza. Chers amis, vous n'êtes pas seuls. Toute l'Église de
Jérusalem s'unit à vous, vous embrasse et vous remercie pour votre témoignage de force et de courage. Avec nous, toutes les églises, tous nos frères et sœurs du monde entier, prient pour vous et avec vous. Nous savons combien il est difficile, après presque six mois, de rester dans cette nuit terrible qui semble ne jamais finir, de rester unis et inébranlables, dans la violence qui vous entoure et dans la faim. Mais nous vous assurons que nous faisons et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous soutenir et, avec vous, nous prions pour que cette nuit passe le plus vite possible. Ne vous découragez pas. Pour vous aussi, comme pour tous, viendra l'aube du troisième jour, l'annonce de la résurrection.
Mes pensées vont ensuite aux nombreux pèlerins du monde entier, qui auraient peut-être aimé être avec nous aujourd'hui, mais n'ont pas pu le faire. Mes chers amis, nous vous attendons. N'ayez pas peur, revenez à Jérusalem et en Terre Sainte ! Votre présence est toujours une présence de paix, et nous avons tant besoin de paix aujourd'hui, puissiez-vous nous apporter votre paix.
Chers amis, nous entrons aujourd'hui dans la semaine de la Sainte. Nous participerons à la passion et à la mort de Jésus et nous attendrons sa résurrection. Ce seront des jours intenses, mais aussi très beaux, qui nous donneront de la force. Nous voulons vivre ces jours avec une confiance sereine dans l'intervention de Dieu dans l'histoire, notre histoire, notre vie. Oui, Il ne nous laisse pas seuls. Car nous savons que Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts nous donnera aussi la vie à tous par son Esprit (cf. Rm 8,11). Nous le croyons, pour nous aussi, ici aujourd'hui, et nous le confirmons avec joie et détermination !
Bonne semaine sainte !
† Pierbattista Card. Pizzaballa
Patriarche latin de Jérusalem