Neuf mois se sont écoulés depuis le 7 octobre, une période sans précédent, notamment pour la communauté chrétienne de Gaza, qui a pourtant déjà été témoin de nombreuses épreuves et de douleurs... Unis dans la foi, ils se tiennent debout, abrités dans la maison de Dieu qu'ils habitent, soignés par ceux qui ont consacré leur vie au service d'autrui.
La paroisse de la Sainte Famille à Gaza a récemment fêté le retour de son curé, le père Gabriel Romanelli, IVE, en mai, ainsi que le père Carlos Ferrero, IVE, supérieur provincial de l'Institut du Verbe Incarné, qui a choisi d'accompagner le père Romanelli "pour être proche des religieux et de la population".
S'adressant au Bureau des médias du Patriarcat latin, le père Ferrero nous a donné des nouvelles de la vie de la paroisse de Gaza, partageant les histoires d'un effort conjoint entre les religieux et les laïcs pour aider à soutenir le bien-être de la communauté en ces temps difficiles.
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Quel a été l'impact de votre retour avec le père Gabriel sur la communauté ?
La première et la plus importante influence a été la visite de notre Patriarche, qui a donné aux gens du courage et, surtout, de l'espoir.
Je n'ai pas de mots pour décrire l'impact du retour du père Romanelli dans la paroisse, une grande source de soulagement non seulement pour les fidèles, mais aussi pour le père Youssef, qui avait servi seul la paroisse depuis le début de la guerre.
Depuis 2019, j'ai visité la paroisse de Gaza à de nombreuses reprises, en tant que supérieur provincial, mais à ma grande surprise, ma présence ici à cette heure a eu son propre impact. Je m'en suis rendu compte lorsque les gens ont commencé à me demander si je partais lorsque le Patriarche devait rentrer. "Vous partez ? Vous restez quelque temps ? Combien de temps allez-vous rester ?" Lorsque je leur ai dit que j'étais venu pour rester aussi longtemps que Dieu me le permettrait, ils sont devenus très heureux, et j'ai compris que cela leur donnait l'espoir que quelque chose de bien survienne. Même si je n'ai rien fait pour créer une attente ou une fausse espérance. C'est juste le fait d'être ici avec eux, de partager leurs peurs et leurs souffrances quotidiennes, de prier ensemble chaque jour au milieu d'un grand bruit.
2. Pourriez-vous nous faire part de l'état de la communauté à Gaza, en général, et de ce que vous faites pour endurer cette situation?
Les gens sont très fatigués, mais ils doivent supporter la situation. Ils se sont désintéressés de l'évolution du processus pour des raisons évidentes. La seule chose qu'ils vivent, c'est la souffrance. Ils entendent une bonne parole et après c'est tout le contraire. Ils en ont assez ! Nous nous efforçons d'être proches de chacun. Parfois juste pour entendre ce qu'ils ont à dire, partager avec eux des mots de réconfort, les aider du mieux que nous pouvons.
Comme il n'y a pas d'école, le père Gabriel a mis en place des classes de soutien, enseignant les matières principales de l'école aux enfants. Ils ont inclus l'anglais et m'ont demandé de les aider dans ce domaine. J'enseigne maintenant aux enfants de la première à la quatrième année. Les enfants sont très affectés par ces neuf mois de guerre et d'absence d'école. Ils ont les nerfs à fleur de peau. Petit à petit, ils s'intéressent davantage à l'anglais et apprennent les bases. Parmi nous, il y a une bonne enseignante, Mme Sherin, une vraie éducatrice, qui nous aide avec la traduction et les méthodologies. Comme ils sont encore petits, ils ne me comprennent pas si je parle uniquement en anglais. C'est à ce moment-là que Mme Sherin apporte une contribution importante et nous aide tous. Néanmoins, nous essayons autant que possible de faire de l'étude une activité amusante. Nous essayons !
Je rends souvent visite aux malades et leur donne la Sainte Communion ainsi que l'onction des malades pour ceux qui le souhaitent. J'aime aussi aller tous les jours au Foyer de la Charité où de nombreux enfants porteurs de handicaps sont pris en charge par les Sœurs Missionnaires de la Charité. Il y a aussi les personnes âgées. Elles sont très heureuses de recevoir une simple salutation, cela fait une grande différence pour elles. Lorsqu'il y a des bouleversements politiques à proximité, j'essaie d'être vu et proche de tout le monde autant que possible.
Le comité, mis en place par le père Youssef dès le début de la guerre, est très utile pour organiser le compound en fonction des possibilités et de la coopération des gens.
Enfin, certains jeunes aident les sœurs à organiser des jeux et des activités pour la paroisse.
Chaque jour, il y a quelque chose à faire. Le fait que nous puissions nous déplacer et nous voir les uns les autres est une bénédiction car ils savent que les sœurs et les pères sont là pour eux et avec eux.
3. Aimeriez-vous partager des témoignages de la paroisse ?
Je voudrais partager quelques témoignages, peut-être en peu de mots mais avec une grande signification.
La façon dont les gens et les enseignants se sont rassemblés à l'appel du père Gabriel pour aider les enfants avec les leçons afin qu'ils maintiennent leurs connaissances est un témoignage de leur volonté, de leur amour et de leur forte volonté. Ce n'est pas facile et nous avons peu de moyens, mais ils y sont parvenus.
Une dame a dit à l'une de nos sœurs : "Dehors, il y a la destruction et la mort, ici, à l'intérieur, il y a la vie !" Malgré tous les obstacles et les difficultés que les gens peuvent trouver ici, il est préférable d'être "dans la maison de Jésus", la paroisse.
L'un des hommes a échangé quelques mots avec le Patriarche lors de sa visite et lui a dit : "Nous, les chrétiens, nous n'avons pas cette violence dans le sang. C'est pourquoi nous ne comprenons pas ces combats ! Oui, nous avons nos propres malentendus et luttes pour différentes choses, nous pouvons nous quereller, mais jamais de cette manière".
Le père Ferrero a conclu en disant : "Nous comptons sur vos prières ! Nous prions pour vous et nous vous remercions. Nous prions pour la fin de la guerre et pour un avenir meilleur dans la paix ! Que Dieu, par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, nous l'accorde !"