Message de Noël
22 décembre 2020
« Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Lc 2, 10-11
Très chers Frère et Sœurs
Que le Seigneur vous donne la paix !
Je suis certain que nous aurions voulu célébrer de manière très différente ce Noël et que nous aurions voulu que la ville de Bethléem résonne - comme toujours en cette période de l’année - de joie et de fête dans toutes ses rues, et surtout pour nos enfants.
Mais ce n’est pas le cas. Tout est réduit au minimum essentiel et il n’y a rien du climat de fête qui caractérise habituellement cette période : les pèlerins ont disparu, qui apportent à Bethléem du monde entier leur joie pour la naissance du Sauveur, et qui portent aussi le sourire dans de nombreuses familles, lesquelles maintenant, au contraire sont sans travail depuis plusieurs mois; nous ne pouvons pas nous retrouver nombreux en communauté pour les célébrations liturgiques; nous n’avons pas pu nous réunir avec les différents groupes qui, à cette époque, organisent des fêtes et des rencontres... En somme, nous vivons un Noël profil bas, à oublier.
La pandémie et la peur qui en découle ont marqué directement ou indirectement la vie civile et religieuse de notre temps, et semble nous avoir paralysés. Cette année 2020 a été marquée par la peur : la santé, l’économie, et aussi la politique... tout semble avoir été renversé par ce petit mais puissant virus, qui a anéanti en peu de temps nos projets et qui nous laisse désorientés.
Oui, c’est un énorme défi de vivre sans peur dans notre monde, un monde qui, avec sa dynamique, ne cesse d’alimenter tant d’anxiétés. Les yeux du corps voient toutes les raisons de la peur.
Cependant, les yeux de l’Esprit voient les signes que Dieu donne à l’homme : les signes de Sa présence, de Sa force cachée et de Son royaume qui surgissent en nous quand nous Lui laissons de la place. Et quels sont les signes qui nous assurent que le Seigneur est vraiment sur le point de faire advenir Son Royaume? Nous n’aurons pas de grandes et éclatantes épreuves. Nous n’aurons pas de signes extraordinaires. Rien ne paraîtra qui bouleverse le monde et prouve son avènement. Le Royaume du Christ Seigneur n’a rien à voir avec le pouvoir de César Auguste, ou avec des manifestations puissantes et visibles de force. Ce n’est pas ainsi qu’advient le Royaume. Un enfant dans une mangeoire, voici le signe du début du nouveau Royaume.
Mais c’est un signe que nous pouvons facilement laisser échapper, nous pouvons passer à côté de lui sans même nous en rendre compte, parce que nous sommes tellement submergés par nos angoisses et nos peurs, que nous nous enfermons volontiers dans nos perspectives humaines et que nous ne nous rendons pas compte de sa présence. Nous ne faisons pas de place, nous ne laissons pas d’espace à la foi en Lui : «Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7). La peur nous empêche de nous ouvrir et ainsi nous devenons stériles, au lieu de répondre à notre appel à devenir porteurs de Dieu.
Les bergers de l’Evangile ont accueilli l’invitation de l’ange et se sont mis en chemin pour voir et reconnaître dans ce signe, dans l’enfant placé dans une mangeoire, le Christ Seigneur.
Jésus est venu pour renverser nos pensées, pour surprendre nos attentes, pour secouer notre existence ... pour nous réveiller de l’illusion que tout est connu, que tout est sous contrôle, que le découragement est la seule réponse logique à la triste réalité de notre monde.
Laissons-nous guider par l’Esprit, pour reconnaître encore une fois, malgré tout, dans la vérité de notre réalité, le signe de Sa présence. Nous devons nous décider : soit nous nous limitons à regarder notre réalité du monde d’aujourd’hui, avec ses logiques de pouvoir et d’épouvante, soit nous apprenons à scruter au-delà et avec les yeux de l’Esprit et à reconnaître la présence du Royaume parmi nous. Soit nous laissons place à la frustration et aux fatigues du monde, soit nous nous rendons capables, malgré tout, de joie et d’amour. Que voient nos yeux aujourd’hui ? Quelle présence ? Sommes-nous comme les bergers capables d’aller au-delà de l’apparence et de reconnaître l’œuvre de Dieu dans le monde ?
Nous aussi nous sommes appelés à devenir à notre tour un signe. Ce que nos yeux voient, c’est ce que notre vie annonce concrètement. Si nous voyons avec les yeux de l’Esprit, nous aurons aussi une vie riche d’Esprit et donc fructueuse.
Si nous décidons de célébrer Noël cette année encore, c’est parce que nous croyons qu’il est né et qu’il est présent. Il nous revient maintenant de devenir le signe d’une grande joie, la joie de l’Emmanuel - Dieu avec nous - et de devenir témoins de cette joie « à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8).
+ Pierbattista