À tous les prêtres, personnes consacrées et fidèles du diocèse du Patriarcat latin de Jérusalem
Chers frères et sœurs
Que le Seigneur vous donne la paix !
Le Synode général de l'Église se tiendra avec une manière qui a été réorganisée par le Saint Père, le Pape François. Le but de cette réorganisation est de créer, à partir des réalités locales, des occasions de rencontre, d'écoute, de partage et aussi de planification, afin d'éviter que le Synode et les documents qu'il produira ne soient que le fruit tombé d'en haut.
Le Synode général de l'Église est désormais structuré en trois phases impliquant les Eglises locales en amont. La première phase, en effet, est diocésaine, et prévoit que chaque Église locale entame une dynamique d'écoute et de réflexion sur le thème du Synode. La deuxième phase est continentale, l'objectif étant de rassembler les réflexions de toutes les Eglises locales du continent dans un seul texte. La dernière phase rassemblera les réflexions de toute l'Église universelle lors de la rencontre des délégués du Synode venus du monde entier auprès du Saint-Père à Rome.
En Terre Sainte, lors de la réunion des Ordinaires catholiques du 5 octobre dernier, nous avons décidé que la phase diocésaine du Synode impliquerait les Eglises catholiques dans leur ensemble et non séparément. En bref, un cheminement commun unique de préparation est prévu pour toutes nos Eglises. Pour les zones pastorales de Galilée et de Palestine, le Père David Neuhaus, SJ, a été choisi pour coordonner les prochaines étapes et sera rejoint par un groupe de laïcs, de religieux et de prêtres de tous les rites, qui l'aideront dans cette première et importante étape. En Jordanie, le Père Mody Al-Hindalya de l'Église melkite a été nommé, et à Chypre ce sera le Père Ibrahim Khita de l'Église maronite, qui procédera de la même manière.
Le thème proposé à notre réflexion, "Pour une Église synodale : communion, participation, mission", exprime clairement l'intention du Saint-Père, de faire en sorte que la vie de l'Église soit de moins en moins centrée sur le seul clergé, mais de plus en plus le fruit d'une implication générale de toutes ses composantes, où tous se sentent en communion les uns avec les autres, et non pas considérés comme des "objets" de la pastorale préparée par quelques commissions autour d'une table. En résumé, le désir est de participer pleinement à la vie de l'Église. Une telle approche devrait garantir que la mission dans l’Eglise, comprise comme le témoignage de la vie chrétienne, devienne réellement crédible. Le fruit de notre cheminement sera ensuite envoyé au Conseil des Patriarches Catholiques du Moyen-Orient, qui enverra ensuite les conclusions pour l'assemblée générale du Synode à Rome.
Il ne nous est pas demandé de préparer des documents longs et articulés, mais une brève synthèse du chemin parcouru. Rappelons que le but du Synode, et donc de cette consultation, n'est pas de produire des documents, mais "de faire fleurir les rêves, de susciter des prophéties et des visions, de faire fleurir les espoirs, de stimuler la confiance, de panser les blessures, de tisser des relations, de ressusciter une aube d'espoir, d'apprendre les uns des autres, et de créer une image positive qui éclaire les esprits, réchauffe les cœurs, redonne de la force aux mains" (Document préparatoire, 32).
Les curés de paroisse sont des acteurs essentiels dans ce processus, en tant que médiateurs entre les évêques et le peuple. J'invite donc tous vos curés à devenir des protagonistes et à promouvoir ce que le Saint-Père nous demande, en veillant à ce que nos communautés soient réellement impliquées.
Je souhaite ardemment que les autres réalités diocésaines se laissent également impliquer : paroisses, religieux et religieuses, monastères contemplatifs, séminaires, jeunes, groupes, mouvements, associations, migrants, travailleurs étrangers... tous ceux qui pensent avoir un mot à dire doivent pouvoir le faire. Un mot qui peut être un mot de gratitude ou un mot d'incompréhension, un mot d'encouragement et d'espoir ou un mot de déception, un mot d'attente, de désir et d'orientation. Il est toutefois important que ce moment du parcours synodal ne se limite pas à parler uniquement de nos problèmes, car cela rendrait le tout stérile et sans perspective. Ce doit être un voyage éclairé par la Parole de Dieu, qui est toujours porteuse de vie.
C'est pourquoi nous avons pensé utiliser comme image et comme méthodologie, celle des disciples d'Emmaüs, ou ce que l'on appelle "l'Évangile d'Emmaüs".
Discutant de leurs problèmes, de l'échec de la Croix, fuyant et se découvrant loin de Jérusalem et ignorant le Christ, les deux disciples le trouvent qui les attend sur la route, sans aucun effort de leur part. Il marche avec eux et leur révèle le sens des Écritures, notamment en ce qui concerne le scandale de la Croix. Il s'arrête, rompt le pain avec eux et leur ouvre les yeux. C'est grâce à la présence du Christ au milieu d'eux qu'ils deviennent des témoins de la Résurrection.
Quelle pourrait donc être la méthode du Synode pour le Patriarcat de Jérusalem?
(1) Aller à Emmaüs, même physiquement, c'est-à-dire sur les lieux où le Christ est apparu, et parler de ce qui ne va pas. (2) Mais il ne suffit pas, comme je l'ai dit, de dire ce qui ne va pas mais, comme Jésus l'a fait pour les deux disciples d'Emmaüs, il est important de relier notre expérience de vie aux Écritures et de voir comment elles peuvent éclairer les faits saillants de la vie et leur donner une perspective différente (la Croix du Christ et ma croix). (3) De cette manière, nous découvrirons le sens des Écritures en ce qui concerne la résurrection du Christ et notre vie. (4) Nous y romprons le pain et laisserons le Christ nous ramener à Jérusalem. (5) Pour annoncer aux Apôtres ce qui nous est arrivé en chemin. Les Commissions, sous la conduite de leurs Coordinateurs régionaux respectifs, enverront bientôt à tous un texte de référence, qui aidera à la réflexion synodale avec des questionnaires et des guides pratiques, afin de faciliter les différentes dynamiques dans des domaines pastoraux variés. Bien sûr, il ne s'agit que d'une proposition. D'autres images et méthodologies bibliques pourraient également être utilisées. L'important est de se rencontrer et de s'écouter, mais que cette écoute soit éclairée par la Parole de Dieu, et ne reste pas une simple parole humaine.
Nous sommes généralement habitués à interagir les uns avec les autres dans nos propres contextes : les jeunes avec les jeunes, les religieux avec les religieux, les familles avec les familles, etc. Il serait important, à mon avis, de se rencontrer et de s'écouter, de se rencontrer à tous les niveaux : les jeunes avec les familles, visiter les personnes âgées dans les hospices, aller dans les foyers, aller à la rencontre des personnes que nous ne connaissions pas auparavant, les paroisses locales avec les paroisses fréquentées par les étrangers, les travailleurs étrangers avec les fidèles locaux, etc. Il est plus utile d'aller dans un monastère et d'écouter l'expérience de vie des religieuses que de faire un discours sur la vie religieuse. Il est plus incisif d'écouter l'expérience de vie d'un paroissien en Terre Sainte, que d'élaborer une merveilleuse théorie sur l'Église locale. Je pense que le fait de sortir, même physiquement, de sa propre salle paroissiale, de son propre centre pour rencontrer une autre réalité, non familière, que sa propre Église, peut faire une différence dans de nombreux cas.
Il ne faut pas s'attendre à des changements spectaculaires à partir de tout ceci ni même à des fruits extraordinaires. Les fruits viennent toujours après une longue période et à la condition que le travail ait été fait sur le terrain. Ce serait déjà beaucoup si ce Synode marquait le début d'une nouvelle façon de se réunir en tant que communauté, où nous sentirions tous que nous partageons la vie des autres, unis dans la personne de Jésus, le cœur de notre foi, lui qui donne un sens à notre présence ici en Terre Sainte, nourrissant et illuminant l’amour qui soutient nos vies.
Le Synode sera officiellement ouvert dans toutes les zones pastorales du diocèse, simultanément le même jour, le 30 octobre, et à la même heure, 11 heures. Pour la Galilée et la Palestine, l'ouverture aura lieu à Deir Rafat, à l'occasion de la solennité de Marie Reine de Palestine, pour la Jordanie ce sera dans l'église de Notre-Dame de Nazareth à Swefieh (Amman), et pour Chypre dans la cathédrale maronite de Nicosie.
Ce sera un moment important et significatif auquel je souhaite que l'on participe réellement.
Je vous invite donc tous à prendre part à cette étape importante de la vie de notre Église et de l'Église universelle. Une fois de plus, je réitère mon invitation faite à tous nos prêtres, curés et aux différents agents pastoraux afin qu'ils s'impliquent dans ce nouveau Synode et collaborent avec les différents coordinateurs et les commissions synodales respectives. Nous devons le faire non pas parce que cela nous est demandé, mais parce que nous sommes convaincus que c'est un moment beau et utile pour la vie de notre Église. Dans l'espérance que ce voyage initié par le pape François ravive notre passion pour l'Église, et dans l'attente de vous revoir bientôt, j'adresse à chacun d'entre vous mes meilleurs vœux.
Jérusalem, 13 octobre 2021
Fête de Sainte Thérèse d’Avila
†Pierbattista Pizzaballa
Patriarche latin de Jérusalem